Perspectives obligataires de Mirova pour l’année 2024

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Bertrand Rocher (Mirova)

Par Bertrand Rocher, Co-Head Fixed Income chez Mirova

Mirova conserve le scénario optimiste élaboré au début de l’année 2023, à savoir celui d’un atterrissage en douceur combiné à des niveaux d’inflation plus bas dans l’ensemble des pays occidentaux, avec tout de même une économie bien plus résiliente aux États-Unis qu’en Europe. Nous prévoyons une croissance du PIB mondial de 2,5 % en 2024, avec :

  • 1,5 % de croissance au moins aux États-Unis, où le rajeunissement des capacités industrielles et l’IA alimentent des gains de productivité inédits depuis 20 ans et préservent la croissance sans stimuler l’inflation.
  • Une croissance minimale de 0,5 % dans l’UE, où certaines économies industrialisées pourraient enregistrer des périodes de récession, réduisant leur capacité à faire face aux pressions inflationnistes. Cette région a cependant le potentiel de surprendre positivement grâce à l’épargne record de ses ménages, aux investissements de l’UE utilisant les ressources du plan NextGeneration, et à la reconstitution des inventaires.
  • Entre 4,5 % et 5 % de croissance chinoise, grâce au soutien des autorités locales disposant de davantage de moyens qu’anticipé par le marché pour atténuer le poids d’une démographie structurellement en berne.
    Ce ralentissement économique, bien qu’il ne provoque pas de récession, incitera la plupart des banques centrales à pivoter. Toutefois, l’impact de ce pivot sera amoindri par le besoin d'une prime de terme décente pour prendre en compte les lourdes charges de la dette des pays occidentaux, à un moment où les déficits fédéraux américains dépassent 6 % du PIB.

Potentiel de hausse

La résilience économique et les baisses de taux sont de bon augure pour les actifs risqués, d'autant plus qu'ils pourraient bénéficier d'une réallocation des sommes importantes investies sur les marchés monétaires l'année dernière. Le rallye de fin 2023 n'a consommé qu'une partie du potentiel de hausse subséquent.

En matière d’investissement obligataire, l'accent est toujours mis sur la pentification de la courbe des rendements : la désinflation commande une baisse des taux courts, la résilience économique rend peu probable une chute libre des taux long.

Le marché primaire obligataire bénéficiera d’une plus forte visibilité sur la trajectoire des taux et d’une volatilité en baisse. Nous attendons une reprise de l’expansion du marché des GSSB de l’ordre de 5 à 10 % par rapport à 2023, supportée également par la nécessité d’accélérer la transition vers un monde bas carbone. Les tendances observées devraient perdurer, avec un format vert qui restera le favori des émetteurs, notamment souverains. L’émission verte inaugurale de l’Australie est attendue cette année.

Au niveau des secteurs, les utilities pourraient s’inscrire en retrait comparé à l’an passé du fait d’une accélération des ventes d’actifs et de faibles besoins de refinancement. En ce qui concerne les financières, nous anticipons une légère hausse des volumes d’émissions.

Le principal risque pour notre scénario ? Toute accélération de l'inflation, empêchant les banques centrales de pivoter et les consommateurs de dépenser. Les tensions géopolitiques croissantes, notamment au Moyen-Orient, représentent le principal moteur de ce risque.

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