A l'occasion de son troisième rapport investissement responsable (ISR), l'institution annonce aussi la création d’un Centre sur le Changement Climatique (CCC) et un durcissement de ses exclusions d’énergie fossile.
Après les annonces de la semaine dernière sur la finance d’impact, la Banque de France s'inscrit dans la dynamique de place en faveur des investissements durables.
Dans l'édition 2020 de son rapport investissement responsable (le troisième depuis 2018), l'institution analyse pour la première fois l'impact sur la biodiversité de ses portefeuilles, qui totalisent 23 milliards d'euros d'encours, grâce à deux indicateurs fournis par l'agence Vigeo Eiris.
Les scores “biodiversité” attribués à la poche actions de ses portefeuilles dédiés aux fonds propres et aux engagements de retraite, atteignent respectivement 53,4 et 50,6 sur 100.
"Pour l’année 2020, les performances des poches actions mesurées en impact global sont qualifiées de « robustes »
par le prestataire, et l’exposition aux entreprises impliquées dans la production de substances nocives est nettement
inférieure à celle des indices de référence", commente-t-elle.
La banque centrale indique aussi qu'elle tiendra compte, dans son prochain rapport, des évolutions réglementaires françaises et européennes en cours d'élaboration, qui introduiront de nouvelles exigences en la matière à partir de mars 2021.
Enjeu majeur
La Banque de France souligne que la mesure d’impact des flux financiers sur la biodiversité constitue un enjeu majeur du secteur financier, même si cette thématique est encore relativement nouvelle.
En mai 2020, une trentaine d'investisseurs représentant plus de 6000 milliards d'euros d’actifs sous gestion, parmi lesquels AXA Investment Managers, BNP Paribas Asset Management, Sycomore Asset Management ou encore Mirova, signataires d’un communiqué conjoint, avaient appelé à une mobilisation sur ces questions.
Le sujet fait notamment parler de lui en France, alors que le Congrès Mondial de la Nature organisé par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) se tiendra à Marseille du 3 au 11 septembre 2021.
Des appels à la mobilisation et à l'action y sont attendus sur plusieurs enjeux d'importance mondiale et nationale comme les espèces menacées, les écosystèmes, la biodiversité en outre-mer, la déforestation ou encore les alternatives aux pesticides....
Il faut aussi noter que la protection de la biodiversité fait partie des quatre objectifs des obligations vertes émise par l'Agence France trésor (AFT) tel que définis dans le document cadre de janvier 2017.
Coordonner l’action
Outre cet engagement, la Banque de France annonce le lancement de son Centre sur le Changement Climatique (CCC) pour coordonner son action et améliorer son efficacité. Elle explique que le centre jouera le rôle de hub pour l'ensemble des actions engagées par les différentes directions générales dans le domaine de la lutte contre le changement climatique.
Ce centre sera opérationnel à compter du 1er avril 2021 avec l’appui d’économistes et sous la présidence de Nathalie Aufauvre, directrice générale de la DGSO (Direction Générale de la Stabilité Financière et des Opérations).
Enfin, outre le renforcement du volet social de sa stratégie, l'institution confirme durcir les exclusions en matière d'énergie fossile dans ses portefeuilles d'investissement avec, notamment l'annonce d'une sortie complète du charbon en 2024.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, avait pris cet engagement. devant la Commission des Finances de l'Assemblée nationale en janvier dernier. L'institution exclura totalement toutes les entreprises comprenant une part charbon, aussi minime soit-elle.
Convaincue que la politique monétaire a également un rôle à jouer pour la cause climatique, la Banque de France appelle également à un «verdissement » des achats d’actifs de la BCE (Banque Centrale Européenne) en privilégiant les entreprises vertueuses, au détriment des polluantes. François Villeroy de Galhau s'est exprimé en ce sens en février.