Brexit : la vague de transferts devrait s’amplifier

  • Poste publié :19 avril 2021
  • Catégorie de poste :Tendance
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Si Paris devrait attirer plus d’emplois que les autres centres financiers, la capitale française doit encore ses preuves en termes d’implantation de sièges sociaux européens, selon le think tank New Financial. La “ligne dure” de l’Union Européenne devrait toutefois contribuer à accentuer les départs de Londres vers le continent.

C’est un rapport alarmiste que New Financial vient de publier sur les conséquences du Brexit. A en croire ses données, 440 entreprises de services financiers ont réagi à la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne en déplaçant vers l’UE une partie de leurs activités, de leur personnel ou de leurs entités juridiques. 

Créé deux ans avant le référendum de 2016, le think tank britannique souligne que les chiffres sont bien supérieurs aux estimations précédentes. Un rapport analogue publié en octobre 2019 par le même organisme évoquait 330 départs déjà effectués ou en cours. En mars 2019, il était question de 269 délocalisations. “Nous avons identifié plus de 900 milliards de livres d'actifs bancaires (environ 10 % de l'ensemble du système bancaire britannique) qui ont été transférés ou sont en cours de transfert”, a comptabilisé New Financial dans sa dernière édition.

102 transferts à Paris

Selon l’étude, Paris a attiré 102 de ces entités, soit 19% du total, qu’il s’agisse de l’implantation de nouveaux hubs européens dans la capitale (75) ou du renforcement d’équipes existantes (27). La place française se hisse au deuxième rang du classement européen, derrière Dublin (135 entités) mais devant Luxembourg (95) et assez loin devant Francfort (63) ou encore Amsterdam (48), malgré les batailles remportées par cette dernière dans le trading actions depuis le début de l’année.

New Financial note que Paris est la seule "autre ville monde” de l’Europe, qu’elle n’est distante de Londres que de deux heures de train et qu’elle dispose d'un grand réservoir d'expertise dans les domaines de la banque, du trading, de l'assurance ou encore de la gestion d'actifs. 

Le rapport dresse des perspectives également assez optimistes en termes d’emplois pour Paris, qui, sur le long terme, devrait attirer le plus grand nombre. Principaux employeurs mentionnés : Bank of America, HSBC, Goldman Sachs, mais aussi BNP Paribas et Société Générale.

Réforme de la fiscalité et du marché du travail

Les efforts de l’exécutif sont soulignés : “Le gouvernement français a travaillé pour répondre aux principales préoccupations du secteur, à savoir les hauts niveaux d’imposition et les rigidités du marché du travail. Le président Macron a mis l’accent  sur les réformes de la fiscalité et du marché du travail, a aboli l'impôt sur la fortune et a déroulé le tapis rouge aux cadres supérieurs de la banque”. 

Un bémol toutefois dans le rapport de New Financial à propos de la capacité à attirer des sièges sociaux : “Sur les 102 entreprises que nous avons identifiées comme déplaçant quelque chose à Paris, 27 sont des "déménagements secondaires".  C'est la proportion la plus élevée de tous les grands centres financiers et le quart de tous les déménagements secondaires que nous avons identifiés. Cela suggère que si de nombreuses entreprises et leur personnel considèrent Paris comme une ville attrayante pour vivre et travailler, elle n'est pas perçue comme aussi séduisante comme lieu de siège social ou comme hub d' activités européennes”. 

Vers une augmentation des chiffres

Sans remettre en cause la suprématie de la place de Londres, New Financial estime que les mouvements de ces dernières années devraient se poursuivre à l’avenir et parle même de la “fin du début” du processus : “Le pire, c'est que cette analyse est très certainement une sous-estimation importante de la réalité : de nombreuses entreprises auront échappé à notre radar (en particulier les banques et les gestionnaires d'actifs qui ont déjà leur siège dans l’Union Européenne). Comme l'UE adopte une "ligne plus" dure sur la localisation des activités et des individus, nous nous attendons à ce que ces chiffres augmentent à l'avenir

Interviewé ce lundi par le journal L'Opinion, Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, agence de promotion de la place de Luxembourg, déclare pour sa part : "Il est vrai que l’on n’a pas encore assisté à de grands flux. C’est quelque chose qui viendra dans un second temps, à mon avis."

Dans la lettre qu’il avait adressé aux actionnaires de JP Morgan, le CEO Jamie Dimon avait averti début avril que le Brexit ne serait pas positive pour l’économie britannique, évoquant même la possibilité d’un transfert de l’ensemble de ses activités londoniennes de la banque américaine.

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