La BCE fait un grand pas vers l’ère des monnaies numériques

  • Poste publié :15 juillet 2021
  • Catégorie de poste :Innovation
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Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a lancé ce mercredi une “phase d’investigation” avant une décision qui devrait intervenir en 2023 et une création trois ans plus tard.  L’e-euro est présenté comme une adaptation aux évolutions de la société. La Banque de France poursuit dans le même temps ses expérimentations.

La décision n’est pas encore prise mais elle semble déjà inéluctable, après l’annonce de la BCE ce mercredi. 

Le Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé aujourd’hui de lancer formellement un projet visant à préparer l’éventuelle émission d’un euro numérique”, indique Fabio Panetta, membre du directoire de l’institution monétaire et président du groupe de travail de haut niveau de l’Eurosystème sur la monnaie numérique de banque centrale (HLTF-CBDC).

Après ce pas décisif, plusieurs étapes doivent encore être franchies. “Une première phase, d’une durée de deux ans, sera consacrée à des travaux de recherche conceptuelle devant déterminer les contours que devrait avoir un euro numérique”, explique le communiqué, avant de poursuivre : “Nous souhaitons, au terme de ces deux années, être prêts à entamer la mise en place d’un euro numérique, qui pourrait durer trois ans. La réussite d’un euro numérique dépendra de sa valeur ajoutée pour l’ensemble des parties prenantes : particuliers, commerçants, intermédiaires financiers. Nous concevrons l’euro numérique de façon à assurer cette réussite.

Nouvelle forme de monnaie

Rendez-vous donc en 2026, voire 2025, pour la création effective de cette nouvelle forme de monnaie.

Nouvelle forme de monnaie de banque centrale (ou monnaie centrale) car les versions existantes continueront à exister, à savoir la monnaie fiduciaire (les pièces et les billets) et la monnaie scripturale (les sommes placées par les banques commerciales dans les comptes qu’elles détiennent auprès de la banque centrale dans le système Target 2) 

Mais, la BCE se montre déjà convaincue de l’intérêt de cet e-euro, perçu comme une évolution naturelle. 

L’ère des monnaies numériques s’ouvre devant nous. Comme les autres formes de monnaie qui l’ont précédée, la monnaie numérique est une réponse aux transformations de la société et aux évolutions technologiques”, explique Fabio Panetta, en introduction de son texte.

Numérisation des paiements

La numérisation gagne tous les aspects de notre vie. La pandémie de coronavirus (COVID-19) a montré la rapidité avec laquelle un tel changement peut se produire. Et nos modes de paiement sont aussi concernés. Nous effectuons de plus en plus nos achats de façon numérique et en ligne, et l’utilisation des espèces en tant que moyen de paiement recule.

Les banques centrales réagissent aussi à l’avance prise par les initiatives privées, comme le projet Diem (ex-Libra) de Facebook et à l’essor des crypto-actifs.

Les solutions privées de paiement numérique et en ligne présentent de nombreux avantages, notamment en termes de facilité d’utilisation, de rapidité et d’efficacité. Mais elles posent également des risques liés à la confidentialité, à la sécurité et à l’accessibilité, et elles peuvent être chères pour certains utilisateurs. Les paiements numériques restent davantage utilisés par les consommateurs aux plus hauts revenus, alors que les personnes aux revenus plus faibles privilégient plus les espèces, ce qui reflète leur rôle essentiel pour l’inclusion financière.

La BCE n’hésite d’ailleurs pas à comparer la consommation d’énergie de l’euro digital, présenté comme une “nouvelle page du progrès européen”, et du bitcoin : 

Nos travaux préliminaires nous ont montré que l’énergie nécessaire à l’infrastructure de règlement que nous avons utilisée est négligeable par rapport à la consommation d’énergie et à l’empreinte environnementale de crypto-actifs comme le bitcoin, qui nécessite plus d’électricité à lui seul que la Grèce ou le Portugal.

Consultation publique et expérimentations

La “phase d’investigation” lancée ce mercredi fait suite à une longue réflexion, à une consultation publique et à une série d’expérimentations conduites par la Banque de France pour examiner la faisabilité de cet euro numérique. 

Dans le cadre de ce programme lancé en mars 2020, la banque centrale nationale a communiqué mardi sur la réussite de le septième des huit essais prévus. Elle a été réalisée avec la Banque centrale de Tunisie et un groupement d’acteurs piloté par la société Prosperus comprenant la Banque Wormser Frères, la Banque Internationale Arabe de Tunisie et sa filiale française BIAT France.

L’expérimentation a permis de réaliser une opération de transfert de fonds en monnaie commerciale entre deux particuliers situés respectivement en France et en Tunisie en utilisant de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) de gros entre la Banque de France et la Banque Centrale de Tunisie”, explique le communiqué de la Banque de France.

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