Enfin réunie, la communauté du private equity a le sourire

  • Poste publié :9 septembre 2021
  • Catégorie de poste :Tendance
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L’IPEM, salon international du capital-investissement, se tient cette semaine à l’Hippodrome de Longchamp. L’industrie s’estime mieux armée qu’en 2008 malgré des valorisations très élevées et un recours parfois excessif à l’endettement.

L’industrie du private equity est radieuse et détendue, trop heureuse de se rassembler après 18 mois d’isolement et de télétravail. Presque euphoriques, les professionnels (gérants, investisseurs, conseils...) se sont retrouvés hier pour une nouvelle édition du salon IPEM (International Private Equity Market). La rencontre internationale a lieu sur deux jours à l’Hippodrome de Longchamp à Paris plutôt qu’au Palais des Festivals de Cannes comme les autres années.

Ils sont venus très nombreux (sans doute près de 3000 participants sur les deux jours) et beaucoup ont dû patienter plus d’une heure, parfois deux, dans la file d’attente avant de franchir le contrôle du passe sanitaire et de pénétrer, enfin, dans l’enceinte verte et ensoleillée.

Opérations à distance

Le succès de l’événement montre à quel point les professionnels avaient hâte de se revoir”, s'est réjoui Mathieu Chabran. Le cofondateur de Tikehau Capital a rappelé que la liquidité ne s’était jamais asséchée malgré les confinements, grâce à une forte capacité d’adaptation des professionnels et à la généralisation des rencontres virtuelles.

Bernard Liautaud, managing partner chez Balderton Capital, a confirmé que le business avait continué presque normalement durant cette période troublée, voire qu’il s’était accéléré. “Les LPs (investisseurs) ont tendance à ne plus rencontrer les GPs (gérants). On travaille tous beaucoup plus qu’avant et plus vite”, a-t-il témoigné.

De nombreux investissements ont été réalisés à des niveaux très élevés durant la crise. Cela tient peut-être aussi au fait que les opérations ont été conclues à distance. Les interactions physiques restent absolument nécessaires”, a estimé Fleur Pellerin, ancienne ministre et aujourd’hui partner chez Korelya Capital.

Niveaux de valorisation records

Les intervenants conviennent que les niveaux de valorisations battent tous les records grâce aux abondantes liquidités qui continuent à circuler. Mais tous restent convaincus que les taux d'intérêt vont rester bas encore des années. “Il s’agit d’une tendance universelle même s’il existe des écarts entre régions. Néanmoins, nous préférons payer 20 % de plus pour une belle entreprise que d'acheter une mauvaise avec une décote”, a tempéré Fleur Pellerin.

Pour Vladimir Lasocki, managing director, Europe Technology Group chez Carlyle, si les multiples stratosphériques semblent décourageants, il n'est pas question de renoncer à investir car les opportunités de sortie (désinvestissement via une introduction en Bourse par exemple) sont considérables.

De son côté, Philip Freise, co-head of European Private Equity chez KKR, a déploré un recours excessif à l’endettement chez certains de ses confrères. “Beaucoup de gens réalisent des opérations avec des effets de levier de 8 à 9 fois, mais cela va leur exploser au visage”. 

Absence de peur dans le marché

Michael Ogrinz, managing director chez Advent International, a jugé que les montants levés et la taille des opérations, devenues des mega-deals, rappelaient les années 2006-2007 avant le déclenchement de la dernière crise financière. Mais il a également relativisé ses préoccupations, estimant que le secteur et les GPs, qui ont fait preuve de résilience durant la crise sanitaire, avaient nettement accru leurs compétences depuis.

Invité à comparer la situation actuelle avec celle de 2008, Michael Lindauer, co-head of private equity chez Allianz Capital Partners a déclaré : “Je ne dirais pas que nous sommes dans une bulle mais il est certain que les valorisations sont élevées. Par ailleurs, je constate une absence de peur dans le marché”.

“Espérons que nous ne sommes pas à l’approche de quelque chose de mauvais”, a ajouté Olivia Yedikardachian, responsable des investissements dans le non-coté à la Caisse des Dépôts et Consignations. “Néanmoins, la situation est différente car les professionnels sont plus qualifiés, plus calmes, les coussins de liquidité sont beaucoup plus importants aujourd’hui”, a-t-elle rassuré.

Il faut rester vigilant, car une nouvelle crise peut venir n’importe quand et de n’importe où”, a mis en garde Mathieu Chabran de Tikehau Capital.

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