Investissements et levées de capitaux ont encore progressé en France au premier semestre par rapport à la même période de l’an dernier. La collecte dans les fonds d’infrastructure a toutefois connu une baisse sensible sur la période.
Le capital-investissement va-t-il subir la même désaffection que les marchés cotés en 2022? Rien ne l’indique encore vraiment dans les dernières données publiées par France Invest. L’association a interrogé ses membres pour une étude à laquelle près de 300 sociétés de gestion ont participé. Le cabinet Grant Thornton, qui audite les informations, est associé à la publication.
Ainsi, au premier semestre, 1 559 entreprises et projets d’infrastructure (soit +25 % par rapport au premier semestre 2021) ont fait l’objet d’opérations pour 18 milliards d’euros investis par les acteurs français du capital-investissement. “L’activité de ce semestre 2022 s’inscrit dans la continuité des niveaux observés en 2021, année de reprise après le léger ralentissement observé en 2020 dû à la crise sanitaire”, résume l’association.
Secteurs stratégiques
Les investissements dans l’industrie (3,1 milliards d’euros, +55 % par rapport au premier semestre 2021), la santé (2,7 milliards d’euros, +23 %) et le numérique (2,7 milliards d’euros, +50 %) ont enregistré une forte progression. “Ces secteurs, stratégiques pour l’économie française, représentent 62 % des entreprises ciblées et 66 % des montants investis sur le semestre”, détaille France Invest, qui précise que trois quarts des entreprises accompagnées sont installées en France.
Les investissements ont principalement été portés par les investissements de moins de 5 millions d’euros, avec un ticket moyen légèrement en baisse à 8,7 millions d’euros.
Même tendance dans les levées de capitaux, avec une collecte de 21 milliards d’euros entre janvier et juin, qui nourrira les investissements des prochaines années.
Les levées de fonds sont en hausse sur tous les segments (+18% en capital-innovation, +46% en capital-développement et +82% en capital-transmission).
Diversité des souscripteurs
L’association des “investisseurs pour la croissance” souligne la diversité des souscripteurs, avec une forte hausse des assureurs (20 %) et la présence forte des caisses de retraite majoritairement étrangères (16 %) et des fonds de fonds (15 %). Les investisseurs internationaux ont représenté 52 % des levées (contre 41 % en moyenne annuelle sur les 10 dernières années).
“La progression des levées auprès d’une grande diversité d’acteurs, français et internationaux, témoigne de la confiance des souscripteurs dans le capital-investissement français et lui donnera les moyens d’accompagner les start-up, PME et ETI dans le temps long”, commente Claire Chabrier, présidente de France Invest.
L’association ajoute que les efforts entrepris pour démocratiser la classe d’actifs commencent à payer : “Notons que la classe d’actifs du capital-investissement s’ouvre toujours davantage aux particuliers et family offices, qui ont investi 1,9 milliards d’euros ce semestre (+14 % par rapport au premier semestre 2021) et qui pèsent pour 12 % des souscriptions”. En revanche, les personnes physiques sont absentes des souscriptions aux fonds d’infrastructure.
Marché concentré
Au cours du premier semestre, ces mêmes fonds d’infrastructure ont accru leurs investissements, notamment portés par le secteur des énergies renouvelables (montants multipliés par trois par rapport au premier semestre 2021 et +20 % en nombre). “Tous secteurs confondus, les montants investis s’établissent en forte hausse (+68% en montants et +12% en nombre), en lien avec les levées observées ces deux dernières années”, souligne France Invest.
En revanche, la collecte de ces fonds s’est établie en forte baisse (-41%) par rapport au premier semestre 2021. “Dans un marché très concentré autour d’un petit nombre d’acteurs de grande taille, le niveau des levées peut varier grandement d’une année sur l’autre. Ceci ne peut pour l’heure présager le niveau de la collecte annuelle”, relativise France Invest.
75 % des capitaux ont été levés à l’international pour ces fonds d’infrastructure, soit un peu plus que la moyenne annuelle des 4 dernières années.