La France doit soigner son attractivité pour les talents

  • Poste publié :8 juin 2021
  • Catégorie de poste :Stratégie
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(Crédit : EY)

Selon le baromètre d’attractivité d’EY publié hier, la tendance à la convergence fiscale devrait réduire l’importance de l’impôt sur les sociétés au profit du coût du travail. Peu bavard sur le secteur financier, le cabinet recommande à la France de veiller à ce que l’Europe ne durcisse pas trop la réglementation.

Si la France conserve sa première place en termes d’IDE (Investissements Directs Etrangers) avec 985 projets annoncés en 2020, le cabinet EY, qui vient de livrer son baromètre annuel d’attractivité, livre peu d’informations sur le secteur financier.

Une impasse étonnante, alors que la perception et les attentes en matière d’attractivité pour la France ont été recueillies au travers d’une enquête en ligne auprès de 200 décideurs internationaux du 1er au 31 mars 2021, soit deux à trois mois après le Brexit et la perte effective du passeport européen pour les acteurs financiers établis au Royaume-Uni. Une autre partie de l'enquête a été réalisée avec 550 dirigeants d’entreprises à capitaux étrangers entre le 22 mars et le 9 avril.

Un “Brexit tracker” avait été publié en mars par le cabinet mais il émanait de son bureau irlandais et ne rentrait pas dans les détails.

Industrie financière préservée

Tout juste apprend-on ici que la finance a été préservée et portée par la crise, au même titre que la santé, la logistique, l’énergie, ou encore le traitement de l’eau et des déchets. Mais, aucune donnée chiffrée n’est communiquée.

Les auteurs notent d’ailleurs, en page 60, sur les 66 que comptent l’étude que “2021 est la première année du Brexit, ouvrant un nouveau chapitre de l’histoire entre le Royaume-Uni et l’Europe”.

Ils soulignent à ce propos : “Dublin, Amsterdam… et Londres ont adopté des stratégies agressives, pragmatiques et convaincantes pour fixer des services financiers ou des sièges concernés par le Brexit. D’évidence, Paris a des arguments et des succès tangibles à faire valoir, mais elle ne marquera son avantage que si elle soigne son attractivité pour les talents (et leurs familles)”.

IS plus neutre

Cette attention aux talents pourrait prendre davantage d’importance, suite à l’accord historique intervenu le week-end dernier au G7 pour un taux de taxation global minimum de 15% et aux efforts internationaux conduits depuis plusieurs années en faveur d’une convergence fiscale entre pays  :  

La réforme fiscale impulsée par J. Biden risque de rendre l’IS plus neutre en matière d’attractivité. Elle aura toutefois pour effet d'accentuer l’importance du coût du travail, de l’imposition des personnes physiques, de la fiscalité environnementale et de la stabilité du cadre fiscal”, indiquent Eric Fourel, président d’EY France et Marc Lhermitte, associé et responsable du programme d’attractivité.

Mettre à profit la présidence française de l’UE

S’ils saluent les efforts de stabilité fiscale déjà réalisés, les auteurs conseillent aussi à la France de veiller à ce que l'Europe ne durcisse pas trop la réglementation financière. Le pays pourrait mettre à profit la présidence de l’Union européenne qu'il prendra pour six mois, à compter du 1er janvier 2022.

Selon EY, la France doit continuer à combiner diplomaties politique et économique par ses propres moyens et pour son propre compte.

Selon le baromètre, la Région Ile-de-France, où est située l’essentiel des activités financières,  figure au deuxième rang des régions les plus attractives en Europe, avec 288 projets d’investissement (-18%), derrière le Grand Londres (383, -29%) et la Rhénanie-du-Nord-Westphanie en Allemagne (286,+4%).

Discours de vérité

L’étude note aussi que les dirigeants interrogés se montrent inquiets du niveau de la dette publique française et de ses conséquences potentielles sur les futures politiques budgétaires: “Le FMI observe que la dette de l’État pourrait atteindre 125 % du PIB en 2025, du fait des mesures de soutien et du plan de relance, mais aussi de la difficulté à maîtriser les dépenses publiques et du rétrécissement de la base fiscale. Nos experts insistent donc sur l’importance d’un discours de vérité : un cap clair en matière fiscale, même s’il inclut une hausse des prélèvements obligatoires, est moins coûteux en termes de crédibilité qu’une incertitude prolongée sur le sujet de la dette”.

Au-delà de la dette publique, il faut aussi prêter attention à l’endettement du secteur privé, qui atteint 153 % du PIB au troisième trimestre 2020 et qui croît davantage (+ 2,7 points) qu’en Italie (+ 2,5 points) et qu’en Allemagne (+2,2 points)”, poursuivent-ils.

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